Je dirai juste que je suis autodidacte, que la peinture est mon nouveau métier depuis une dizaine d’années et qu’elle est avant tout une activité d’introspection et non de représentation. Chaque tableau est ainsi une ouverture vers l’inconnu de soi et une nécessité de reconstruction mentale devant l’incertitude.
Je n’ai pas d’inspiration consciente. Ma peinture n’est jamais programmée. Je ne cherche pas à traduire ou exprimer quoi que ce soit, mais simplement à donner vie et force à une surface d’une manière qui va lui être propre. Des premières traces sur la toile aux formes naissantes, c’est l’acte même de peindre qui me guide – comme hors de moi, dans ce que je vais peindre : je tâtonne, j’expérimente à partir de rien, de ratages, de reprises, pour faire émerger quelque chose…
Je refuse donc toute illusion de perspective ou de figuration et travaille d’abord à plat sur une table en tournant autour du tableau. J’attache de plus en plus d’importance à la spontanéité de la touche. Des couteaux de différentes dimensions me permettent d’étaler rapidement la peinture et d’affronter le blanc. Je me sers ainsi du travail de la matière et de la couleur pour faire naître des formes qui s’ouvrent ou se ferment, des architectures qui se construisent ou se démantèlent, dans un espace pictural et suggestif où tout s’interpénètre et dont je dois trouver l’équilibre.
Chaque tableau doit pour moi être une expérience sincère et surprenante, un passage provisoire que j’aime partager avec d’autres.